Va’a’ ttitude …

Journal de bord
Dans les starkings blocks

Passant l’année à naviguer à la voile ou en kayak, en alternant avec quelques sessions de «snorkelling», notre équipage n’avait finalement pas saisi l’occasion de faire un tour de Va’a (appelé aussi Vaka aux Marquises). Profitant d’une escale tranquille de Kanaga à Taiohae c’est chose faite… et c’est une sacrée belle découverte !

Vous connaissez peut-être le Va’a sous le nom de pirogue polynésienne. Entendez par là, une embarcation fine, au ras de l’eau, qui se manoeuvre à la pagaie et qui, eu égard à l’état d’humidité dans lequel reviennent certains débutants de leurs premiers essais, est très instable en solo…

Pourtant, il est vrai qu’à force de les voir filer aux abords des voiliers ici et là lors de nos pérégrinations, cela commençait à nous démanger les pagaies d’essayer ces bateaux.

Alors, quand cela m’a gentiment été proposé, j’ai foncé !

Mise à l’eau…
Embarquement
C’est parti !
Hey! Hep !

Me voilà donc au club de va’a, entourée de rameurs et rameuses aguerris. « Au fait, tu sais comment ça marche ? » « Heu… pas vraiment… » « Tu prends la rame comme ça, tu la plantes verticalement quand on te dit et surtout tu regardes la rameuse qui est deux places devant toi ».

En résumé je dois copier sur la voisine d’en face… Nous sommes 6 rameuses. Le va’a nous attend sagement sur la grève, on le porte à l’épaule jusqu’à l’eau (et il pèse…).

On embarque toutes du même côté entre le balancier et la pirogue, ceci pour éviter tout chavirage intempestif. La répartition des rameuses est précise : La capitaine « perero » est à l’arrière, c’est elle qui dirige le va’a, tâche ardue car vu la longueur et finesse de l’embarcation, les virages nécessitent une loooongue anticipation. La « taa’re » donne le tempo, elle compte un certain nombres de coups de pagaies, et quand elle donne le signal « Hey ! », on plante la pagaie une dernière fois et on change de côté sans perdre le rythme. Ceci à l’air très simple mais je vous garantie qu’il n’en est rien ! D’une, vous avez peur de lâcher prise et d’égarer la magnifique pagaie que l’on vous a prêté, et de deux, il faut repositionner très rapidement et très précisément vos mains à la bonne place sur la rame. Vous pouvez vous entraîner avec un manche à balai, en alternant main droite en haut, main gauche en bas, main gauche en bas, main droite en haut le tout en vous calant sur un métronome… 

Ah, vous voyez ? Pas si simple sans assommer le voisin ! Enfin, tout à l’avant, la rameuse donne le rythme, c’est elle qui ralentit ou accélère.

Au top départ, les rameuses pagaient en quinconce. Nous voilà prenant de la vitesse, et très vite la conscience d’avancer ensemble et de ne faire qu’une (!) prend aux tripes et donne toute la puissance aux gestes que nous réalisons chacune. Nous longeons la plage et les voiliers, visant l’autre côté de la baie. Là, nous flirtons avec les falaises. Nous sommes concentrées sur notre métronome… Assez vite je constate que plus que la force physique, c’est l’endurance et le cardio qui sont éprouvés ici… Tout à coup, à droite de grands ailerons, je pense d’abord à des requins (il y a des marteaux qui se promènent dans la baie), mais aperçois à quelques centimètres de nos pagaies, le dos bombé et massif d’une immense raie Manta qui doit frôler les 5m d’envergure. 

Complètement troublée je cafouille, étant toujours autant fascinée par la rencontre avec ces poissons gigantesques… J’arrive à raccrocher les wagons et nous poursuivons vers l’extérieur de la baie. 

La pause, de l’autre côté de la baie…

« Respire! »… On fait une pause, bercées par la houle du large, le regard embrasant toute la caldera qui surplombe Taiohae. Avec la lumière du soir, le spectacle est magique.

J’ai la sensation de participer à une danse, une danse rythmée de « hey », sur une piste liquide, où la chorégraphie à la fois puissante et agile pourrait mener les embarcations très loin… Nous avons parcourus 4 milles en une petite demi-heure, reste le chemin retour. 

Va’a du soir…
Un qui va’a loin… (en bas à droite!)

Si la Polynésie a été ralliée par les peuples de l’Est du Pacifique avec des pirogues à voiles, il n’étaient pas rare que les trajets inter-îles, distantes de dizaines de milles, se fassent à la rame… C’est donc aussi un voyage dans le temps qu’offre cette escapade, à quelques siècles de là. 

Souvenons-nous qu’à cette époque, seuls les hommes avaient le droit d’embarquer sur les va’a… C’était tapu pour les femmes…

De retour à terre, on termine par une petite séance de gainage… elles ont la forme les marquisiennes ! On clôture la séance sous les rires, avec cette douce impression d’avoir saisi et partager un peu plus de l’âme du Fenua Enata 

À suivre…

Bonus : Va’a 1
Plouf ! C’est beaucoup moins stable toute seule (ben non ce n’est pas Hervé dans l’eau…) !!!
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Bon vent à toi Dom…
  • bon, pour l’instant, je me contenterai de ramer en aviron à Oléron …. la GRANDE BALLADE est encore remise ; oh que cette pirogue me tente !!!

  • Merci pour cette sortie en Va’a, que je n’ai pas encore testé mais ça me donne bien envie !
    Peut être pourrons nous pagayer ensemble bientôt aux Tuamotu 😉

  • olà laeti ,
    merci pour ce grand bol d’air , d’eaux , de soleil ,d’amitiés profitez au max
    grâce à tes mots je suis avec vous …..merci laeti
    tu as réussi à mettre notre pitaine à l’eau , ….l’exploit
    2021 ressemblera à 2020  » carrramba encore rrrâté  »
    bisous à vous trois

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