Maurice, La Réunion et Les Seychelles

Journal de bord
Petit aperçu des Seychelles où le granit et la végétation tropicale ne font qu’un…

Maurice et La Réunion : deux nouvelles escales, deux iles aux visages métissés. Pendant que Vintage se faisait bichonner par les gars du CNOI, nous avons eu le temps d’explorer un peu l’île Maurice, puis, difficile de résister nous avons filé à La Réunion, à quelques 16 heures de navigation. Vintage est désormais aux Seychelles, préparant son passage vers la Mer Rouge…

Tonnier senneur

Le hasard de la vie a fait que le patron du CNOI – Chantier Naval de l’Océan Indien – est un ami d’enfance, perdu de vue depuis 35 ans… nous avons donc eu droit à un accueil plus que chaleureux !
Devant Vintage, la Curieuse, navire de recherche de 25m qui part régulièrement pour des campagnes dans les fjords des Kerguelen, derrière nous, des tonniers senneurs géants. Les plus gros pêchent 2400 tonnes de poissons en une marée…

Paré à caréner !

Sur le chantier, c’est une véritable fourmilière : ça meule, ça soude, ça découpe, ça peint quasiment de l’aube au milieu de la nuit. Le personnel est super sympa, pro et passionné.
Ils ont acquis depuis quelques mois un travel lift qui peut lever 1500 tonnes « le plus grand du monde! », alors autant vous dire que pour le poids plume de Vintage avec ses 53 tonnes, ça passait largement. Ceci étant, les bateaux soignés ici sont plutôt des bateaux de recherche, militaires ou de pêche… Vintage dénote un peu. A la recherche d’un chantier qui pouvait nous accueillir pour le carénage depuis que nous avons quitté Tahiti, trouver de la place au CNOI était une aubaine ! Alors voilà, Vintage a été hissé dans le travel lift géant, calé, nettoyé, et repeint pour retrouver l’eau quasi-neuf.

Depuis le « Pouce », le regard embrasse toute l’île…

Pendant ce temps, nous étions une partie de l’équipage à avoir eu le luxe de pouvoir découvrir un peu l’île Maurice. Encore une fois nous avons fait de très belles rencontres. Abdallah tout d’abord qui nous a guidé dans les restaurants indiens locaux. Après 17 jours de mer, nous rêvions d’une entrecôte frite, finalement ce premier repas fut coloré et riche de sauces diverses et variées… on a pas toujours bien compris ce que l’on mangeait mais c’était excellent !
Petite échappée aussi sur l’un des points culminants de l’île « Le Pouce ». De là, le regard embrasse toute l’île… qui est peuplée, très peuplée même avec ses 1,3 millions d’habitants.

Mr La France et la maquette de l’Hermione

Autre rencontre, au hasard d’une averse nous sommes rentrés dans une boutique de maquettes de bateau -tradition de la ville de Curepipe- où Mr La France nous a gentiment parlé de sa passion et fait visiter son atelier… La Belle poule, L’Hermione, ou encore les pirogues traditionnelles de Maurice. Sa boutique est un enchantement pour ceux qui aiment les bateaux traditionnels …

Du lac sacré de Grand Bassin…

… à des temples moins fréquentés…

En continuant nos escapades, nous avons été frappé par la quantité de temples hindous. Ne connaissant pas l’Asie, c’était pour nous très « exotique ». Les plus célèbres, au bord du lac de Grand Bassin, accueillent des pélerins par milliers chaque année, qui marchent parfois une semaine pour s’y rendre. Là, ils font face à deux monumentales statues de 33mètres (Shiva et Darga Maa), porte d’entrée du site à la fois lieu de culte, mais aussi haut lieu touristique, ce qui donne un contraste assez déroutant entre les « observateurs » et ceux qui sont ici dans la dévotion. Les macaques – importés par les hindous car considérés comme sacrés – profitent de cette aubaine auprès des visiteurs pour obtenir voire chaparder quelques bananes, parfois… vivement !
Plus au sud, le morne Brabant, est le symbole d’une histoire tragique. Des esclaves se cachaient dans cette montagne, les britanniques seraient venus leur annoncer leur libération lors de l’abolition de l’esclavage (autour de 1835), pensant alors qu’ils avaient étaient retrouvés, les marrons auraient préféré se jeter dans le vide… Aujourd’hui le Morne domine de magnifiques plages de sa hauteur, où les touristes affluent là aussi.

Nous saluons l’un de nos équipiers qui doit rentrer en Europe et retrouvons Vintage et le large pour une micro-journée, faisant cap sur La Réunion… Au petit matin, la forme de l’île qui culmine à quelques 3070 mètres nous fait face. Nous longeons la fameuse « route du littoral », construite sur la mer pour accoster au port.
Des silhouettes connues nous accueillent, certaines depuis la passerelle de leur bateau de travail, d’autres depuis leur bécane… quoi de mieux que de faire une réunion de famille à La Réunion ? Encore une fois donc on nous a réservé le plus bel accueil. L’escale a duré une grosse semaine durant laquelle Vintage était amarré à quai à « Le Port », le temps d’avoir les accords pour rallier les Seychelles – les arrivées en voilier ne sont pas toujours simples d’un point de vue administratif…

Le piton de la fournaise et son enclos…

En ce moment c’est la saison des baleines à bosses sur les côtes réunionnaises, et elles sont particulièrement nombreuses cette année ! Nous avons pu les apercevoir depuis les sentiers côtiers, ou au détour de chaque virage ou panorama… Dans les hauts, là aussi c’est tout aussi impressionnant. Le piton de la fournaise était en éruption du 2 juillet au 10 août… dans ces cas là, « l’enclos » (la zone entre les remparts et le cratère) est fermé au public, sage décision ! Le site est véritable désert minéral, qui comme la surface océanique cache une activité interne bien réelle. Puis, petit passage rapide à Mafate et Salazie bien sûr. Les reliefs y sont grandioses, et la population adorable. Les proches larguent nos amarres, un moment fort en émotions… et puis à la sortie du port nous partons avec 3 ris dans la GV et la trinquette, il y a du vent dehors… Nous croisons 2, puis 3, puis 4 puis 6 baleines… la dernière d’entre elle sort sa pectorale de l’eau et l’agite, un au-revoir ?

Quelques grains et paille-en-queue plus tard…

La houle est forte et le contraste avec l’abri du port violent ! Nous filons à 10,5 noeuds vers les Seychelles… Vintage semble exulter… Le quatrième jour, le vent tombe et Mahé apparait. Arrivé au port, nous retrouvons Ron, un copain voileux rencontré à Christmas Island… la magie de la communauté navigante. Derrière nous Vitalia II, l’ancien Orange II, qui a longtemps détenu le Trophée Jules Verne, un catamaran de 35 mètres de long et un mât d’au moins 50 mètres…

Eden Island, une île artificielle et de vraies îles au second plan…
La magie opère face à ces paysages dignes d’une carte postale…

Le port déborde de motor yachts de luxe… Il faut dire qu’ici aussi le tourisme est la base de l’économie et Mahé est connue pour ses plages de sable fin. Posés sur celles-ci d’énormes roches granitiques, cernées de végétation et une mer aux eaux turquoises : la carte postale. Je ne pourrai vous en dire beaucoup plus sur ces îles, le temps pour l’exploration me manquant… mais comme partout où nous sommes passés, je ne doute pas que les trésors que les lieux ont à offrir soient nombreux.

Ces cinq mois de convoyage à bord du Vintage ont été une merveilleuse expérience permettant d’atténuer la déception de la fin du chapitre Kanaga : des rencontres, de la (longue) route, des îles et pays divers et variés, le regard qui s’affute et de la matière à penser, réfléchir et inspirer…

Le reste de l’équipage prépare son passage du canal de Suez via la Mer Rouge pour la Méditerranée, destination finale du Vintage. Encore quelques 5000 milles nautiques à parcourir pour eux !

Merci d’avoir suivi et commenté cette nouvelle série d’articles… et à très bientôt pour parler Empannage cette fois…

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  • Merci pour ce beau reportage !
    J’adore te lire et repenser aux très bons moments passés avec vous 3 sur Kanaga !
    Christine 😘

  • Merci Laetitia pour ces articles – et ces photos-si inspirants qui donnent envie de naviguer, voir du pays, rencontrer, observer, écouter, découvrir et surmonter son mal de mer !
    Merci à toute l’équipe du Vintage pour cette traversée de ce côté de la planète, mettant en lumière des contrées-pour moi-inconnues.
    Je vous souhaite plein de belles aventures pyrénéennes !
    Clo

  • Merci pour ce reportage détaillé qui fait voyager et rend nostalgique de la navigation avec vous. ces cinq mois vécus en famille ont du vous faire beaucoup de bien, et quels beaux récits.

    Bon retour à la scribe et sa scribouillarde, et bonne navigation vers la Méditerranée pour les équipiers.

    anne

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