Adios al Panama !
Journal de bord
7 mois. 7 mois d’escales au Panama de la côte Atlantique à la côte Pacifique. Un pays qui aura été bien plus qu’un simple « passage » d’un Océan à l’autre.
Le Panama surprend. De part son métissage d’abord. 4 millions d’habitants et plus de 40 nationalités vivent ici. Le Panama est un petit pays à la croisée de deux océans, mais aussi de dizaines de mondes et communautés.
Ces derniers jours, nous avons enfin osé nous confronter aux hautes tours de Panama City – c’est que nous on préfère rester les pieds sur le pont des bateaux ou les palmes sous l’eau. Là depuis le 62ème étage d’un de ces gratte-ciels, on surplombe une fourmilière : traffic routier, panneaux lumineux géants, tours de tailles diverses et variées, certaines avec des piscines à leur sommet, d’autres coiffées de maisons type cases créoles, d’autres en constructions. Banques, résidences, ou prétexte à blanchir de l’argent, elles forment une forêt qui plonge le citadin dans une planète qui ressemblerait à une BD d’Enki Bilal… Quand un rapace plane quelques mètres au-dessous de nous… difficile de ne pas imaginer Horus poursuivant Nikopol !
Car pourtant oui, au-delà de ces tours de bétons, à la fois fascinantes et effrayantes, le regard se porte sur l’Océan Pacifique d’une part et la Forêt primaire d’autre part. Ouf, la Nature ici semble résister encore un peu… Ni une, ni deux, après cette escalade urbaine, le lendemain nous chaussons des godillots pour nous rendre au coeur de la forêt. Pour certains, c’est l’occasion de faire le plein de « végétal » avant de prendre le large. Le camino de Cruces que nous avons choisi a été l’un de ceux emprunté par les conquistadors pour transporter l’or et l’argent pillés en Amérique du Sud – et donc suivi par les pirates intéressés. Vestiges de cette époque, les pavés sur lesquels nous posons à notre tour les bottes sont marqués par les empruntes des sabots de mules. S’ils pouvaient parler les arbres immenses qui nous entourent en aurait à raconter…Au cours de notre escapade, nous croisons une bonne partie de la faune panaméenne : papillons multicolores, singes, rapaces, gato solo, agoutis, perroquets… nous sommes servis. Je ne peux m’empêcher de penser aussi à toutes ces communautés autochtones qui vivent au coeur de ces forêts. Les Embera, Wounaan et Gunas sont principalement installés dans le Darien, au Sud-Est de cette zone, mais quelques-uns sont installés ici dans le parc national Chagres, à quelques kilomètres de là où nous cheminons. Eux savent s’orienter et survivre dans cet uni-vert, reconnaître chaque plante, trouver l’arbre qui leur donnera de l’eau, dissocier les fruits et champignons comestibles des vénéneux. Etc. Les forêts qu’ils habitent sont protégées pour l’instant et il semble qu’ils ne subissent pas la pression de déforestation qui tue actuellement leurs homologues en forêt amazonienne. Et tout ça à moins d’une heure de Panama City, son traffic et ses gratte-ciels.
Un pays de contrastes donc que je quitte avec les sourires et les moments partagés avec ceux et celles croisés sur la route, nos amis d’Acuadup au pays Gunas, ceux rencontrés sur une terrasse de café de Portobello, ceux qui voguent comme nous sur les eaux, ceux qui ont choisi de s’installer dans la jungle d’une île de la côte Caraïbe en partageant leur maison avec des scorpions et des boas, celui qui vit de sa pêche aux Perlas, tous ceux que l’on ne sait comment aborder tant notre vie est différente mais qui nous ramènent à certains essentiels juste en les observant vivre…et nos équipiers, bien sûr.
Ses paysages, urbains, forestiers et insulaires, dont aucun ne laisse indifférent.
Et puis cette baleine et son petit qui se sont laissés approcher…si près.
Plus que la navigation, c’est le voyage qui laissera son empreinte dans la mémoire des Kanaguiens.
Les baleines à bosses repartent vers le Nord, et tout comme elles, Kanaga est en train d’appareiller : le moment est venu de se confronter au grand bain et de traverser le Pacifique pour se rendre aux Marquises, via les Galapagos !!
Votre dévouée scribe débarque pour quelques semaines, sa plume et sa fille sous le bras, j’ai chargé les équipiers du moment de nous donner leurs impressions quand ils le pourront…
En attendant leurs récits, je vous invite à nous retrouver ce WE Antoine et moi au Festival du Film et du Livre d’aventure de La Rochelle pour la présentation de notre deuxième opus : « Etude très sérieuse des Mammifères Marins » (www.festival-film-aventure.com) !
À suivre !
3 Comments
Superbe résumé du Panama que nous partageons complètement.
Grosses bises du Guatemala où ici tout est XXL (cultures Mayas, crocodiles, singes hurleurs, mosquitos ….)
Bon vent à Kanaga et bon salon à la Rochelle !
Mireille et Hervé
Depuis nos neiges pyrénéennes, nous sommes parés pour la belle traversée de Kanaga ….
Toujours aussi passionnant les récits du scribe !
Bon vent sur le grand Pacifique…..
La Rochelle est bien loin de Nice sinon je serais allée vous voir et entendre… joli récit qui pousse à réfléchir sur le sens que nous donnons à nos vies choisies un peu, beaucoup, ou passionnément