Echappée australienne

Journal de bord

Après une halte dans le Territoire Nord de l’Australie, à Darwin, puis à l’Ashmore Reef, les vents nous ont menés directement à Christmas Island, 900 milles plus loin.
Si les Vanuatu nous ont marqués par la rencontre avec ses habitants, lors de cette étape à Darwin, c’est la faune – si exotique à nos yeux ! – qui nous a éberlués…

Wallabies !!!

L’escale de Vintage s’annonçait courte et dense, et nous avions un objectif, voir des wallabies. Les douaniers nous ont indiqués la « East Point », une réserve naturelle à l’entrée de la ville où nous avions une chance de les voir au coucher du soleil. Le soir même voilà l’équipage au complet scrutant à chaque détour de buisson l’animal, chuchotant, se camouflant… La lumière déclinait sérieusement et toujours rien… Et puis tout à coup, là à 100mètres des joggers et d’une route bitumée, sur une clairière, ils étaient là, les oreilles dressées, une bonne dizaine… et l’air très surpris que nous nous intéressions à eux ! (Ah Joey, ça doit être des touristes…)
Alors d’accord, pour un local le wallabie est aussi exotique qu’un chat, mais je vous assure que quand vous n’en avez jamais vu, il y a de quoi bondir de joie ! Regard de biche, attitude de suricate et sauts de poupouille, ils sont très drôles.

Sunset…


Et puis, au cas où nous perdions le Nord à force de vagabonder sur les mers, c’est la preuve que nous étions bien en Australie. Devant ce succès et un sublime sunset – nous n’avions aucune envie de nous en tenir à cette première rencontre.
A trois heures de route de Darwin, se trouve le Kakadu National Park. Une immense zone protégée où rivières, zones humides, et forêts abrite des centaines d’oiseaux, mammifères, reptiles, insectes etc. Sur place, il n’y a plus qu’à ouvrir grands les yeux et les oreilles. Et le festival commence : vols de cacatoès, d’oies, wallabies, varans, flying foxes, crocodiles…

Grappes de Flying foxes (roussettes)…


T’as de beaux yeux tu sais…
…oui, toi aussi !!

Regardez bien, j’suis caché près de ma maman…

Les sentiers à arpenter sont souvent introduits par des panneaux qui incitent à la prudence : crocodiles et buffles sont dans la zone, restez sur vos gardes… Il faudrait plusieurs semaines sur place pour prétendre à avoir découvert l’âme de ces lieux et un tiers de ses occupants à poils, à plumes ou à écailles… Mais quelle émotion encore une fois de pouvoir observer ces animaux que l’on avait pour la plupart d’entre nous jamais vu.

La zone humide du Kakadu vu d’Ubirr
Tortue à long cou…
Barramundi (poisson local)
Wallabie et portrait des premiers européens

Mais parlons aussi des humains qui vivent ici… Le Kakadu abrite plusieurs sites d’art rupestres. Nous en avons profité pour aller sur celui d’Ubirr. En déambulant entre les chaos de roches, on peut voir ici des peintures aborigènes qui datent de 500 ans à 6000 ans. La plupart, représentent des légendes aborigènes ou des scènes de chasse ou pêche, et les plus récentes les premiers européens qui sont arrivés en Australie. Une bande dessinée historique que nous essayons de décoder… Traditionnellement ce sont les aborigènes qui entretiennent les peintures, gardiens de la mémoire de leur peuple. Ce sont aussi leurs différentes communautés locales qui sont en partie gestionnaires du parc et de son entretien, et beaucoup sont rangers ici.
Ainsi nous avons vu de nombreux feux. Au début inquiets, persuadés qu’un pan de la forêt (très sèche!) allait brûler, mais pas du tout c’est un savoir-faire ancestral pour gérer l’entretien et le renouveau de la forêt et des sols, pratiqué avec des règles très précises.

De retour à Darwin quelques jours plus tard, la tête pleine de ces paysages et faune incroyable, nous retrouvons la ville où les descendants de colons côtoient les descendants de ceux qui ont ornés les grottes il y a quelques milliers d’années… notre escale est bien trop courte et sur un périmètre équivalent à un timbre poste à l’échelle de l’Australie pour généraliser. Ceci étant, il est difficile d’ignorer, même en quelques jours, que beaucoup des « natives » comme on les appelle rencontrés en ville sont à la dérive, et que les inégalités sont très frappantes.
Pourtant, en sillonnant les rues, il y a aussi toutes ces galeries d’art aborigène, remplies de toiles signées par les artistes locaux, que l’on voit oeuvrer en direct avec patience et minutie. Les pointillés dessinent peu à peu leur songline, des oeuvres splendides. Minorité ? Réalité ? Rêve ?
Quel est l’équilibre de ce peuple aujourd’hui ? Notre regard nous trompe t-il ?
Encore des questions en suspens qui s’amoncellent au fur et à mesure de notre périple.

Un dernier coucher de soleil incendie le ciel, décidément sublime, et nous devons déjà faire route ! Vintage a quitté la baie, avec du vent et une mer calme, sans houle croisée, comme quoi, c’est possible ! Nous passons la mer du Timor, puis la frontière invisible de l’Océan Indien…

Ashmore reef

Une pause à Ashmore reef pour attendre le vent. Vous voyez nulle part ? Et bien c’est là. Une superbe réserve marine qui une nouvelle fois nous enchante. Nous ne débarquons pas sur le petit îlot de sable qui émerge du reef, déjà occupé par quelques milliers d’habitants…Sternes, frégates, fous dont on ne connaît pas le nom, pailles en queue, puffins, ils sont très nombreux et nous ne voulons pas les déranger. Alors, ce sont eux qui viennent nous voir et nous montrent leurs plus beaux profils.

Et puis bien sûr difficile de résister à une petite escapade sous-marine… La traversée qui nous mène du mouillage au récif se fait en eaux troubles et les grenouilles de la bande ne sont pas fières. Lors d’une première immersion l’une d’elle avait cru voir un « autobus »… comprendre un requin marteau impressionnant (d’accord, une grosse moto, pas un bus). L’imagination ne faisant pas défaut dans ce genre de contexte les autres grenouilles ont répondu un vague « oui oui », et néanmoins impressionnées, personne n’a traîné. Les demies journées suivantes ont été consacrées à de la nage sportive (on trace sur 200mètres et là ont est sur les patates, ouf), et de la prise de vue sous marine.
Jusqu’au soir où, Eole se manifestant, nous nous préparions à appareiller à l’aube. Et d’un coup : « Lààà!! Vite!! Montez !!»…
Deux beaux requins marteaux chassaient une raie qui s’est abritée sous la coque de Vintage, laquelle, à priori, s’en est sortie.
Les grenouilles furent ravie de les voir depuis le pont, et non depuis le fond, parce que bon même pas peur, il n’y a pas de raison, mais bon un peu quand même.
Bref, c’était le clou du spectacle !

Quelques 900 milles plus tard, et une mer toujours aussi clémente – et donc une scribe heureuse -nous jetons l’ancre à Christmas Island… confetti australien à l’entrée de l’Océan Indien.

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  • C’est génial de vous suivre à la trace sur Marine Traffic en étant statique au 48°30′ Nord.
    Aux dernières nouvelles,les orques sont actifs sur les côtes ibériques Vous avez de la chance de d’y échapper. Beaj vad . Jakez

  • Dépaysement complet pour cette escale si lointaine… continuez de nous enchanter et étonner avec ces beaux récits et photos …

  • Magnifique, nous sommes egalement alles dans cette reserve naturelle lors de notre periple. Nous gardons de merveilleux souvenirs (…. sauf la « trouille » des crocos…. ;-(
    Merci pour ce partage.
    Bizz
    Vd

  • Sympa le Kakadu, Vous savez sûrement que c’est là qu’a été tourné Crocodile Dundee. J’y étais passé il y a bien longtemps, Un vrai bonheur !

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