Acuadup…où il fait bon s’arrêter pour comprendre
Journal de bord

Curieux de comprendre la vie des Gunas, nous avons choisi de passer une petite semaine au mouillage sous le vent d’une île du nom d’Acuadup. Kanaga y est seul.
Cette île est étonnamment arborée par rapport aux autres villages croisés jusqu’ici : bananiers, cocotiers, arbres à pain, papayers… circuler au coeur de cette communauté de 300 habitants est un régal. Les Negas sont traditionnelles et ceux qui ont l’électricité ont choisi les panneaux solaires. Nous avons été sollicités pour quelques réparations ici et là de ces panneaux, ce qui nous a valu quelques belles rencontres. Passé la phase d’observation, assez rapide finalement, chacun, que ce soit les Gunas ou les Kanaguiens se montre curieux des autres. D’où venez vous ? Comment vous appelez-vous ? Quelle âge avez-vous ? Combien d’enfants ? le tout en Guna dans le texte sont souvent les accroches de conversations…après cela se poursuit plus ou moins facilement suivant si l’interlocuteur ou l’interlocutrice parle espagnol ou pas !

Le fait d’avoir une moussaillonne de 2 ans à bord est un sacré passeport aussi…au bout de quelques jours tout le monde connaît son prénom et à chaque passage nous voici entourés de gamins. Et il y en a ! Les familles de 4 ou 5 enfants sont classiques, les plus grands gèrent les plus petits, et tout le monde dort dans la case-dodo, dans les hamacs : mamie, papy, les parents et les p’tiots !

Nous nous laissons aller à flâner dans le village trouvant au départ un prétexte pour chacune de nos sorties : « nous venons acheter le pain d’Edith »…puis juste le plaisir de les rencontrer. Ici des petites nous prennent la main pour nous amener dans un coin du village, là, une jeune femme raconte comment elle s’occupe de son bébé de 3 mois, un autre nous parle du Dieu Guna « PabDummat », un troisième raconte comment son panneau solaire est tombé et commente le résultat de l’élection présidentielle pour finir par nous préciser fièrement que l’équipe de volley d’Acuadup est la championne du secteur. Nous rencontrons le Sahila, chef du village, qui nous autorise à déambuler comme bon nous semble.


Peu à peu nous décodons leur mode de fonctionnement, veillant à rester discrets et à ne pas commettre d’impairs. Deux jeunes femmes nous demandent si elles peuvent venir visiter le bateau…et l’une d’elle nous fait une démonstration de couture d’un mola à bord avant de s’adonner à quelques pauses photos avec son amie. Ben oui, ce n’est pas parce que l’on est Guna et vêtue de vêtements traditionnels que l’on a pas de téléphone portable. Deux mondes cohabitent ! Le petit garçon de 1an et demi qui les accompagne, au début impressionné par ces grands blancs que nous sommes et craignant que sa maman ne le laisse à bord du Kanaga fini par se détendre et accepte de partager une mangue et un verre de lait…


Puis c’est à notre tour d’être invités à visiter leur Nega, et à nous assoir le temps d’échanger quelques mots et d’être parés de quelques atours gunas. Nous sympathisons avec Miguel et sa famille. Il nous amène au Rio non loin de là, nous remontons la rivière, notre prame suivant non sans quelques difficultés le « ulu » (pirogue locale) qui se faufile dans les méandres ! A quelques mètres de nous, on aperçoit un crocodile de belle taille qui ne nous attend pas. Plus loin Miguel et Neil, son fiston, nous conduisent à pied cette fois à travers la forêt vers un champ communautaire de canne à sucre, nous précisant en chemin les vertus de tel ou tel arbre. Je suis Neil…il est pieds nus, comme son père, et marche ainsi indifféremment sur les fourmis, épines, caillasses. Il semble déjà connaître les secrets de cet univers…

Au retour le gamin embarque avec nous à bord de la prame…son rêve…aller sur la lune « Je m’appelle Neil, comme Neil Amstrong ! ». En attendant il préfère apprendre à pêcher avec son père que d’aller à l’école. Ce sont nos dernières heures ici à Acuadup, le ciel est chargé d’orages illuminant régulièrement le village plongé dans la nuit. Nous appareillons au petit matin, sur les berges, nos amis Gunas nous font de grands saluts…difficile alors de ne pas verser quelques larmes de crocodiles en quittant le Guna Yala.

À suivre !
2 Comments
Cela sonne comme une marque américaine d’un produit quelconque et non c’est un lieu de vie bel et bien réel… Merci et clin d’œil de la grisaille bretonne…
acuadup , très beau souvenir du moment découverte fin avril , superbe que y soyez revenus et accueillis de cette manière
bises
bernard l’équipier babord avant