Traits d’union
Journal de bord
Kanaga vient de faire une petite pause technique d’une dizaine de jours à Atuona sur l’île d’Hiva Oa. L’occasion d’observer la vie qui se trame autour de ce petit port enclavé, au pied de la colline où reposent Brel et Gauguin…
La chaleur ici est écrasante du fait de la géographie du lieu, et, si les matinées et les fins de journées retrouvent quelques animations, les après-midi sont assez calmes. Les seuls qui osent braver le soleil sont les jeunes locaux s’entrainant à pagayer sur des Vaa’ de courses, ponctuant leurs avancées de « hey, hey, hey, hep »! (A chaque hep, comprenez qu’il faut changer la pagaie de bord). Quelques plaisanciers aussi qui carènent leur bateau au sec, au chantier, entourés de poules et coqs. Les autres restent au frais.
Pour sortir, une des bonnes raisons peut être l’arrivée des « goélettes », rares traits d’union de l’île. En ces temps perturbés où les frontières internationales s’ouvrent au compte-goutte, l’isolement des insulaires est d’autant plus entendable.
Aux Marquises, deux solutions pour se procurer tout ce qui n’existe pas sur place et ne peut, de fait, parvenir par la terre. Les avions et les bateaux. En ce qui concerne ces derniers, le spectacle est particulièrement intéressant, il faut dire que les manoeuvres sont sportives. Le port est étroit, et une grande digue les contraints à négocier un virage serré.
21h. Un fort bruit de tôle que l’on frotte en continue retentit… c’est l’ancre du Taporo qui vient d’être jetée, le navire cule contre le quai jouant d’avant en arrière avec ses manettes, en travers du port. A l’étrave, deux gars parés à envoyer l’aussière à leur collègue à quai. Dix minutes plus tard, le bateau est à poste et ils commencent à décharger leur précieuse cargaison. Le lendemain matin à 6h, ils sont déjà partis…
Nous les recroiserons plus tard en mer, faisant des aller-retours entre Tahuata l’île voisine et le port d’Atuona, pour un jeu de chargement/ déchargement. Si dans le port il paraissait immense, au pied des montagnes marquisiennes, le Taporo semble bien petit…
L’Aranui lui est plus « prestigieux », célèbre pour ses croisières qui sillonnent les Marquises, ses deux grues n’enlèvent en rien de sa magnificence. Il passe généralement un peu plus de temps que le Taporo à quai. Vous pouvez alors observer le défilé de pick-up -pour ne pas dire l’embouteillage -chacun venant récupérer ici la marchandise pour achalander le commerce, là, la pièce attendue depuis quelques semaines (parfois plus), ou encore les stocks de ciments nécessaires à la future construction. D’autres viennent juste voir le spectacle, car c’est vrai qu’il est canon ce bateau.
Leur passage est, sinon vital, essentiel au bon fonctionnement de la vie insulaire.
Les voiliers mouillés dans le port doivent d’ailleurs lors de leur arrivée veiller à ne pas empiéter sur la zone de manoeuvre des navires… ni à jeter l’ancre sur le câble de fibre optique installé ici il y a quelques années… – être celui qui prive l’île de sa connexion internet, trait d’union moderne, ne présagerait pas de bonnes nuitées… !
Une fois les goélettes parties, les locaux reprennent leur place sur le quai. Une canne à pêche à la main, ils remontent des Ature (chinchards locaux) à la mitraillette et ne manquent pas de vous en offrir au passage si vous vous intéressez un tant soit peu à leur activité…(délicieux avec un filet de citron – local – et de l’huile d’olive -amenée par l’Aranui ou le Taporo…)
Kanaga repart, les pièces qu’il attendait sont arrivées elles par les airs, en ATR… Moins romantique mais rapide ! Quoique là aussi, il y aurait à raconter. Si Nuku Hiva et Hiva Oa, les îles principales des Marquises sont bien desservies, les autres îles habitées voient parfois les vols des petits avions suspendus ce qui donne beaucoup à parler aux marquisiens en ce moment car c’est aussi leur moyen principal pour être « Evasanés » si besoin (évacués sanitaires).
Ces jours-ci le Twin Otter devrait être remplacé par deux Cessna caravan… un défi pour les futurs pilotes (et passagers…!) car certaines pistes, notamment celle de Ua Pou, sont réputées pour être des plus périlleuses ! Vous avez déjà atterri ou décollé sur une piste inclinée ?
Sensations garanties, et pourtant là aussi, aventurier ou pas, il s’agit d’un trait d’union indispensable pour relier les îles entre elles…
À suivre !
1 Comment
ces cimes sont impressionnantes, vous êtes en mode randonnée on dirait.
Bonne suite d’aventures polynésiennes, bises
Anne