Dans les yeux des tikis…

Journal de bord
DSC00837
Un tiki réputé pour son puissant mana

Kanaga continue son périple marquisien, allant d’un paysage grandiose à un autre, d’une rencontre à une autre. Comment raconter tous ces moments sans tomber dans un listing qui altèrerait la force des lieux. Peut-être en regardant dans les yeux un tiki, et en essayant de comprendre à quoi ressemblaient les vallées marquisiennes à l’aube de leur peuplement.

DSC00737
Un visage de pierre…

Il est grand, il est en pierre, avec des gros yeux et fixe le lointain ou celui qui croise son regard, depuis semble t-il, l’éternité. Vous faites face à un tiki. Vous aurez beau le questionner, il restera de marbre (enfin plutôt de pierre volcanique), et ne répondra pas à vos questions, ne vous racontera rien, ne vous posera aucune énigme, il ne vous chantera même pas une chanson de Brel.

Le tiki est mystérieux.

 

Toutes les îles sont pourvues de sites archéologiques, plus ou moins connus, plus ou moins valorisés. Vestiges d’une vie ancienne, mais pas tant (de 200 après JC jusqu’au début XIXème siècle) dont il n’est pas si aisé de saisir les clés.

Ce qui au premier regard semblerait n’être qu’un tas de gros cailloux est en fait un paepae, fondation d’un ancien lieu d’habitation. Dans certaines vallées, aujourd’hui désertes, ils sont des milliers… A cette époque les marquisiens auraient été quelques 100 000 habitants, sur l’ensemble de l’archipel.

En déambulant dans les vallées, ou sur les sites, nous faisons alors appel à notre imagination. La fête du village avec démonstrations de danses traditionnelles à laquelle nous avons été invité récemment à Ua Huka « Venez, toute l’île est conviée!! » permet de nous aider.

DSC00838
Site de Ta’a Oa

DSC00848

L’un de ces sites, Ta’a Oa, sur l’ile de Hiva Oa est particulièrement impressionnant et s’étend sur plusieurs hectares. Nous nous asseyons sur les deux trônes qui dominent la tohua, lieu de cérémonie encadrant une esplanade de 70m de long par 20 de large, autour de laquelle devaient être installés des centaines de spectateurs. Nous sommes seuls. En fermant les yeux, on entend le vrombissement des tambours, et l’on voit le groupe d’hommes tatoués et costumés, qui effectuent une ronde rythmée et guerrière.

Quelques centaines de mètres plus haut, des banians géants ont investis les lieux, abritant des tikis. Ils étaient, pour les premiers marquisiens, les représentants des Dieux sur terre, des passeurs qui permettaient aux initiés de communiquer avec les divinités, de leur faire des offrandes. Tous étaient dotés d’un mana, une puissance plus ou moins forte. Ces sculptures ont alimenté bon nombre de théories, parfois rocambolesques.

DSC00784
Sur les hauts de Hiva Oa

Les vallées aujourd’hui pour beaucoup silencieuses, devaient être remplies de clans, réputés guerriers, et d’habitants respectants de nombreux tapu (interdits). Leurs vies s’organisaient fonction des vivres et matériaux qu’amenaient les forêts et la mer, puis plus tard… les visiteurs. Une dent de cachalot était troquée contre du bois de santal, par exemple. Au XIXème siècle, famines, maladies, guerres claniques et l’arrivée des occidentaux ont réduit la population à un peu moins de 3000 âmes…

Les marquisiens étaient alors en voie d’extinction. A la fin des années 1920, l’arrivée du docteur Louis Rollin qui a organisé des campagnes de vaccinations, les a sensibilisé et les  a soigné, a permis à ce peuple de se relever d’un tel effondrement démographique. En parallèle, l’extinction était aussi culturelle : la tradition jusqu’alors orale, perdue avec une partie de la population, et la volonté de certains religieux et administrateurs français d’éradiquer toutes traces de la culture ancienne et « païenne », ont contribué à la faire tomber dans l’oubli. Culture qui, sous la pression, était même devenue tapu pour les anciens !

Est ce à ce moment là que les tikis se sont tus ? Peut-être.

DSC00910
Un bel exemple de renouveau de la culture marquisienne : les danses

 

DSC00932
Sous le regard bienveillant des anciennes…

Il faudra attendre les années 1970 et Monseigneur Le Cléach pour redonner vie aux voix des ancêtres. Cet évêque breton missionné aux Marquises, contrairement à ses prédécesseurs, a incité les marquisiens à  se ré-approprier et à faire revivre leurs traditions – en commençant par la traduction de la Bible en marquisien tout de même. Ainsi, malgré les nombreuses zones d’ombres qu’elle compte encore, cet homme à impulsé un grand mouvement de renouveau de la culture marquisienne toujours en vogue aujourd’hui. Pari gagné.

DSC00893
Les hauts de Fatu Hiva…
DSC00899
Mais… où est Kanaga ?

Alors que nous sommes à Fatu Hiva, troisième île du sud, plus humide et plus excentrée, nous déambulons sur des crêtes, surplombant des vallées désertes où manguiers, acacias géants, pandanus, et frangipaniers ont totalement investis les lieux. Difficile d’imaginer qu’il n’y ait pas là quelques sites jamais découverts… de quoi réveiller des instincts d’explorateurs.

Pour l’heure, nous suivons la route tracée mais non moins impressionnante, et terminons notre pérégrination avec une vue plongeante sur le village de Hanavave où même la Nature semble s’être adonnée à l’art de la sculpture…

Tikimorphisme ou message divin ? A vous d’en décider !

À suivre…

DSC00880
La célèbre « Baie des Vierges » de Hanavave

Introduction aux Marquises

Journal de bord
DCIM102GOPRO
Rencontre avec une manta…

Elles sont là. Des masses sombres qui s’envolent, oui qui s’envolent vers nous, jusqu’à nous frôler, se cabrent, laissant apparaître une face blanche et tachetée… pour un peu elles nous feraient un clin d’oeil. 

Des raies mantas. Une légende polynésienne dit qu’elles colportent les histoires qu’elles captent depuis les fonds des mers… Tendons l’oreille donc…

Nuku Hiva

Certains ont mis 37 jours de mer pour y arriver. D’autres, 26 heures d’avion qui se terminent par le survol des atolls des Tuamotus. Quelques heures plus tard, on atteint les Marquises.

DSC00608
La baie du contrôleur à Nuku Hiva…

On ne peut pas être plus éloigné d’un continent qu’ici – environ 6000km à la ronde ! Pourtant, en empruntant la route qui mène à Taiohae on est vite impressionné par les variétés d’arbres, fleurs, fruitiers qui habillent les montagnes le long des routes sinueuses. Certaines de ces graines ont parcouru des milliers de milles pour s’établir ici, d’autres ont été apportées par l’homme et s’y plaisent.

DSC_0208
Les arbres croulent sous les fruits…ici les mangues !

Les arbres croulent sous le poids des mangues, pamplemousses, fruits à pain – « uru » en marquisien. Jardin d’Eden ? Nous ne saurions dire, mais ça y ressemble. Les locaux ne sont pas moins impressionnants. Barraqués, grands et tatoués !

DSC00438
Marquisien…et tiki !

Imaginez alors ces hommes en tenues traditionnelles faire une démonstration de Haka, sur les rythmes martelés par des tambours grands comme eux…p our avoir vécu l’expérience, vous en oubliez que vous êtes en 2020, dans un village Marquisien d’aujourd’hui où cela fait bien longtemps que les casse-têtes ne sont plus utilisés. Alors que ces hommes sont encore essoufflés de leur performance, les filles du village arrivent, non moins superbes, parées de tapa (pagnes traditionnels tissés avec l’écorce de l’arbre à pain), et de plumes d’oiseaux, dansant et chantant amenant de la douceur contrastant avec la puissance guerrière de l’instant d’avant….

Mais réveillons-nous, nous sommes bien au XXIème siècle, et hormis les tatouages, la journée tout le monde reprend sa tenue « classique »… Quoique celui-ci là bas, qui est sur son cheval à cru, tatoué sur tout le torse et le visage semble tout droit sorti de « Taïpi », oeuvre de Melville écrite suite à un séjour de quelques mois à Nuku Hiva…

DSC00448
Tatouage sur fond de Yukulélé 

Nous retrouvons quelques navigateurs, croisés au Panama, contents d’être arrivés ici, eux aussi.  Et nous nous imprégnons peu à peu de l’atmosphère locale… Nous commençons à rencontrer les gens qui vivent là, comme cette petite gamine de 11 ans, qui à Hoomi nous a donné un véritable cours de botanique, avec les termes marquisiens, dans le texte. Chaque arbre, chaque fruit, chaque fleur et chaque usage… la flore ne semblait déjà plus avoir aucun secret pour elle !

 

DSC00589
Des filets de thon rouge…
DSC00586
…qui ravissent petits à claquettes et bêtes à ailerons

Ces pêcheurs qui partagent le thon rouge frais avec les requins, ces ados qui grimpent en haut du manguier pour nous offrir quelques fruits, cette dame qui nous accueille à bras ouverts et cite Brel, ou encore ce bonhomme qui semble garder jalousement la baie de rêve où il a élu domicile -et dont nous tairons le nom- qui est amoureux de son pays et semble choisir ceux à qui il le raconte…

Ua Pou

DSC00520
Arrivée à Ua Pou

DSC00545

Des pitons crèvent le ciel, l’île est majestueuse et impressionnante. Kanaga se cache dans une baie bien abritée, au pied d’un rocher qui semble tenir en équilibre… Depuis combien de temps est-il là? On estime à 6 millions d’années l’âge de ces îles volcaniques… Au matin, un banc d’une vingtaine de dauphins à long becs vient. Ils chassent, rabattent des petits bancs de poissons. Et acceptent sans problème que nous partagions la piscine… Une nouvelle rencontre subaquatique d’exception. Leurs sifflements envahissent la baie, n’en déplaise aux anchois, nous sommes ravis de cette visite ! Nous croisons des pêcheurs qui utilisent leur vaa’, pirogue à balancier traditionnel, motorisée ici. Alors que le soleil fusionne avec l’horizon…le vaa’ passe…nous sommes dans une carte postale.

DSC_0539
Des voisins charmants !
DSC00568
Vaa au soleil couchant…

Tahuata

Il nous aura fallu attendre la bonne fenêtre de vent pour filer vers le sud-est. Petite digression : à qui souhaiterait comprendre comment fonctionne les vents en bateau, c’est très simple, ils viennent généralement de là où vous voulez aller, comme s’ils souhaitaient vous empêcher d’avancer, histoire de passer le temps. Bref, le temps passant, ils finissent par être cléments.

DCIM102GOPRO
Une diva…

Après 24 petites heures, nous arrivons donc à Tahuata, dans le sud de l’archipel des Marquises, au regard de la géologie locale les îles du sud sont les plus jeunes. Là aussi, les pics escarpés laissent deviner la forte activité volcanique qu’ont connu les lieux. Nous trouvons une baie avec plage de sable blanc, cocotiers et eaux claires. Encore une fois, la zone est poissonneuse… et voilà que les Zancles, Chirurgiens, Papillons et autres poissons multicolores se voient encore subtiliser la vedette par des Mantas. Nous chaussons des bouteilles de plongée…et elles se laissent approchées d’encore plus près. Avec leur manière de se mouvoir, si élégante, si aérienne, elles semblent être des divas qui tendent la nageoire pour continuer à nous guider dans ces îles que nous commençons tout juste à découvrir…

À suivre…

2020… aux Marquises!

Journal de bord

 

DSC04841
Des pailles en queue d’accueil !

Après le passage de la ligne de l’équateur… Kanaga passe la 2020ème aux Marquises ! Mais avant d’entreprendre de vous raconter ces îles qui déjà nous font forte impression, la plume de la scribe a été prêtée à Tanguy, équipier du bord, pour raconter LA traversée… Tout l’équipage vous souhaite une merveilleuse année… et nous vous proposons cette immersion dans le Pacifique pour la commencer… parce que le chemin pour arriver aux Marquises… ce n’est pas rien !

Vous avez dit les « Iles Enchantées »?

XVIe siècle:
Les explorateurs espagnols commencent leurs pérégrinations dans l’océan Pacifique. L’Archipel des Galapagos est alors surnommé l’ensemble des «Iles Enchantées» car certains navires n‘arrivaient tout simplement plus à remettre la main sur ces cailloux à cause des brouillards, courants ou vents défavorables. Ils ont donc longtemps été autant présents qu’absents des cartes selon le crédit apporté par le géographe aux divers récits de marins.

Jour 1:
12 Septembre 2019, départ du fier KANAGA et de son équipage pour un périple de 4000 milles qui devrait aboutir sur un autre archipel, celui des indomptables Marquises. La première et unique étape est prévue dans une semaine aux Galapagos pour faire du frais et admirer faune et flore locale!

Jour 2:
Arrêt du bourrin : il nous à fallu plus de 40 heures de moteur (Vin fonctionne admirablement) pour s’extirper de la mélasse panaméenne. Les premiers effets du large se sont faits ressentir et la houle venant, les contenus des estomacs les moins aguerris s’en furent… Les voiles sont hissées, le sud nous appelle, nous naviguons au près plein d’espoir et de Mercalm.

Jour 6:
Toujours du prés. Toujours une petite houle. Toujours la nausée. Le bateau vire, les objets volent, le bateau gîte on se cramponne.

Jour 7:
Après une bonne bonite pour fêter l’anniversaire de l’équipière de la traversée, le branle-bas de combat est sonné vers 00h30.

    – Tout le monde sur le pont!
– Quoi? Ou? Qui? Hein? Que ce que…?

Les yeux collés nous nous retrouvons, affublés de la première frusque rencontrée, sous le feu du projecteur d’un accueillant navire douanier colombien!!

Ces messieurs s’invitent à bord. S’en suit un contrôle des papiers, du bateau et une conversation complètement insolite avec le douanier qui porte le gros fusil sur un fond sonore offert par les commentaires intéressés du second douanier sur le côté exigu du bateau et la position des Marquises sur la carte.

DSC04584
La transpac donne lieu à quelques comportements étranges…

Jour 10:
Voila une bonne semaine que l’on est partis, les estomacs se sont raccrochés, les « qu’est ce que je fous là? » et «plus jamais» se sont tus. Par contre ce qui est toujours bien présent c’est le vent instable de Sud Ouest qui nous oblige à tirer des bords carrés au prés le plus serré (et le moins confortable) pour grappiller quelques milles vers notre but.

La leçon revue et corrigé du Capitaine est alors: « Au près il y toujours un mauvais bord et un bord pourri… »

Malgré tout chacun prend son rythme: les quarts, la sieste, la lecture, les exponentielles, les divers travaux d’entretient du bateau et cours de matelotage font de nos journées des moments riches et bien occupés.

Jour 15:
Il faut se rendre à l’évidence, pour les Galap’ ça va commencer à être tendu… Nous sommes trop au Nord et le vent nous en refuse toujours l’accès. Doit-on continuer à galérer plusieurs jours et espérer, potentiellement, si tout se passe bien, arriver sur une île ou file t-on vers les Marquises qui sont droit devant?Après vérification de la cambuse et concertation de l’équipage, nous décidons de continuer notre route qui devrait quand même effleurer Darwin, l’île la plus au Nord de l’archipel.

DSC04745
Que de bleu….

 Jour 16:
Après des semaines de prés, le point de 04h00 est formel:

– N 2°28’
– W 91°32’

Nous avons officiellement dépassé l’île Darwin. Comble du comble nous n’avons même pas pu l’apercevoir, le vent a légèrement tourné pendant la nuit nous en écartant définitivement!! Contrairement aux anciens géographes et explorateurs, nous étions persuadés de l’existence des « Iles Enchantées », maintenant qu’elles se sont si bien refusées à nous, nous ne sommes plus sûrs de rien… Avec déception leurs trésors nous resterons inconnus. Avec soulagement un nouvel objectif est fixé: Nuku Hiva et 2986 milles à parcourir!!

Vahinés et guerriers nous voila!!

Cette seconde partie de voyage nous a permis de compléter la gamme des allures de navigations utilisées.

DSC04769
Et hop, un dauphin !

Au prés bon plein:
Enfin nous pouvons ouvrir un peu les voiles, soulager le bateau et passer sur une allure plus stable. Ce moment coïncide avec les débuts timides des vents d’alizé et les derniers bras de dépression issus de la ZIC (Zone Intertropicale de Convergeance). Progressivement les oiseaux, fous masqués, pailles en queue, frégates et autres bêtes à plumes nous quittent pour ne laisser que les vaillants petit pétrels tempête pour accompagner les nombreux gangs de dauphins autour du bateau. L’ambiance à bord est au beau fixe comme le temps, tout le monde sèche ses tissus humides et les activités du bord vont bon train. Les quarts s’enchaînent, ils sont parfois facilités par l’apparition du modèle 5.1 de Raymond le régulateur d’allure. Celui ci, après quelques configurations testées (toutes!!), semble bien fonctionner. Une nuit, après avoir entendu souffles et couinements caractéristiques, le binôme sur le pont à la chance d’admirer le spectacle des « dauphins comètes ». Tels des fusées, dauphins et dauphines filent à tout allure sous l’eau en réveillant à leur passage les plus du tout discrets planctons bio-luminescents. Le résultat est à couper le souffle et un festival de trajectoires imprévisibles à la lumière verte phosphorescente éclate dans la nuit.

Du travers au largue:
Toutes voiles dehors, encore un peu plus ouvertes. Nous profitons d’une grosse semaine de vents d’alizés qui font marcher le bateau comme il se doit d’un bon Kanaga, avec une belle moyenne entre 7 et 8 noeuds, nous enfilons les milles vers le but et la navigation est extrêmement agréable!

Après une vingtaine de jours de mer, régulièrement un plaisir matinal nous sort de nos bannettes: Suite au spectacle grandiose des levés de soleil, l’équipier modèle du jour se met en cuisine et une douce odeur de crêpe s’immisce jusqu’à la cabine avant. Un petit dej’ goulu plus tard les activités de chacun reprennent.

Le rythme de vie à bord est à présent tout à fait naturel et entre les débats sur la société, le partage d’expériences et la construction de projets futurs, nos cerveaux et langues travaillent sans jamais arriver à court de salive. Il est toujours temps d’un moment plus perso pour intérioriser et simplement laisser son esprit vagabonder en se perdant sur la longue houle du Pacifique. Il est alors aussi bien possible d’assoir un projet d’avenir que de penser la prochaine expérience culinaire!! Et attention toutes les tentatives sont permises pour couper du riz petits légumes ou pâtes sauce rouge. Nous avons donc eu la joie de déguster, à la surprise de nos papilles, une poêlée de poissons volants, un gâteau de semoule au chocolat, des gnocchis 3 couleurs ou encore un gâteau à la pâte à crêpes…. Tant qu’il y avait du sucre, des amandes ou du parmesan le beau geste était toujours accueilli avec ferveur!

DSC04803
Les voiles en ciseaux…jolie chorégraphie

Grand largue et vent arrière:
Peu après les 5 passages de l’Equateur (pourquoi se contenter d’un seul lorsque l’on y est??) nous nous retrouvons avec le vent sur l’arrière-train. Celui-ci mollissant sérieusement, nous avons pu nous permettre une baignade au milieu de l’océan. Quelle sensation vertigineuse que de se retrouver avec 4000 mètres d’eau d’un bleu profond sous les pieds! On en profite pour bien se laver et passer un maximum de temps la tête sous l’eau, les yeux qui tentent de suivre les rayons du soleil plongeant vers les abysses.

C’est une période marquée par les études du ciel, pendant la nuit, les interros surprise flash éclair  sur les différentes constellations et étoiles sont régulières. Le ciel est dégagé et avant que la lune ne se lève avec son éclat envoutant, toutes les étoiles se révèlent tant nous sommes loin de toute pollution lumineuse. En début d’après midi, lorsque le soleil est quasiment au zénith, c’est le sextant qui est de sortie. Le plus dur est d’accorder l’équipage sur l’heure qu’il est: heure du bord, de Panama, de Greenwich, avec ou sans décalage, plus ou moins l’heure d’hiver… Mais le résultat est concluant car les erreurs de positionnement ne sont que minimes. Les pronostiques sur la date d’atterrage commencent à tomber, après 30 jours nous en reste il 3, 4 ou 15? Au final cela à peu d’importance car bizarrement personne n’est réellement pressé d’arriver. Peu d’importance tant que la pêche est bonne… En fait non, ce sera notre fardeau jusqu’à l’arrivée et l’échappée d’un gros thon d’une centaine de kilos. Entre celui-ci et la bonite d’anniversaire, seul un tazard a daigné se joindre à nous pour le diner. Plus d’un mois de mer et les quelques touches faites sont instantanément reparties avec le leurre ou pire, nous l’ont littéralement recraché à la figure! Malgré les 12 heures par jour et les 3 lignes, ce qui donne quand même la modique somme de 1332 heures de leurre tracté dans l’eau, nous avons pour unique résultat la perte de tous les leurres et montage inventifs!! Heureusement les Marquisiens sont bons pêcheurs. Tiens d’ailleurs, cela ne commencerait pas à sentir la langouste et le cochon sauvage grillé?

DSC04967
Il est des spectacles dont on ne se lasse pas…

Après 37 jours de mer, au loin, encore confondues avec les nuages et l’horizon, se dressent les montagnes et falaises d’Hiva Oa! Une arrivée grandiose au couché du soleil ne nous suffira pas pour réaliser ce que l’on vient d’achever. Nous sommes, tous ensemble, arrivés au bout d’un rêve : l’équipage de la trans-pacifique du Kanaga est en HENUA ENANA!!

À suivre…

DSC05021
Au  loin… Hiva Oa !