Kanaga met le cap vers la République dominicaine !

Journal de bord
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Un Kanaga tout beau, tout propre !

Kanaga reprend la mer pour la République Dominicaine après un carénage efficace et surtout le plaisir de passer du temps avec les amis navigateurs que les étoiles avaient mené aux Grenadines.

La terre est ronde, et les marins, qu’ils aient posé le baluchon ou juste jeté l’ancre pour quelques semaines, par d’heureux concours de circonstances ont parfois le bonheur de se retrouver réunis en un même lieu. C’était donc le cas aux Grenadines ces derniers jours. Il y a ceux qui vivent là, qui ont choisi ces îles après avoir écumé les mers. Il y a ceux qui sont toujours entre deux océans, ou entre deux avions – les marins sont parfois aussi pilotes…

Ceux-là naviguent depuis 20 ans, 30 ans ou plus…et alors c’est un véritable bonheur que de s’asseoir auprès d’eux, et d’ouvrir grand les écoutilles pour se laisser envelopper par leurs récits. Terre de Feu, Antarctique, Marquises, Papouasie, Ladakh (mais non pas en bateau cette fois-ci), Inde…bref, vous passez quelques heures dans le carré avec ce groupe-là, et vous faites le tour du monde…

Sans comptez les anecdotes énoncées par les uns et les autres, parfois cocasses, souvent épiques et toujours teintées de cette énergie qui habite ceux qui croquent la vie à pleine dents. Pour couronner le tout nous nous sommes offerts une navigation en flottille pour rejoindre Carriacou et Union, non sans émotions de voir les bateaux amis toutes voiles dehors voguer de concert, juste comme ça, pour le plaisir de tirer des bords ensemble.

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Valhalla et Kul can, voiliers amis passent la pointe de Fregate, Union Island…

Puis vient le moment où chacun de ces nomades repart, jusqu’au prochain rendez-vous, on ne sait où, mais c’est certain, tous auront de nouvelles histoires à partager.

Kanaga lui remonte vers le Nord. De nouveaux équipiers nous accompagnent pour la remontée de l’Arc Antillais jusqu’en République dominicaine. Les escales possibles sont nombreuses, le chemin reste inconnu pour l’instant, nous suivrons les vents…et nous vous jetterons quelques bouteilles à la mer au fur et à mesure des étapes.

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Bon aller, place à la suite !! Vroum vroum

Puis début mai, nous accueillerons Armel, Rachel, Typhaine et Léo, chargés de leur caméras, hydrophone et matériel de plongée…Plus que quelques jours pour les soutenir via leur plate-forme de crowdfunding et recevoir le DVD du documentaire qui s’en suivra !
C’est par ici : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/le-syndrome-du-bernard-l-hermite/contributors

Autre nouvelle, c’est désormais confirmé, nous retraverserons cet été vers…la Belgique, en passant par les Açores ! Le nouveau programme de navigation de Kanaga est en ligne : http://kanaga.fr/embarquer-et-naviguer/

Nous vous laissons le découvrir…et nous contacter si vous souhaitez vous joindre à nous pour partager des aventures maritimes !

A suivre…

Carénage, squatteurs de coques et futurs commandant(e)s !

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Kanaga vu de haut…

Depuis une semaine, Kanaga se fait bichonner à Carriacou pour un petit carénage de « routine »…l’occasion de présenter une nouvelle fois deux projets…dans le vent !

Après avoir quitté sa Normandie natale il y a 10 mois Kanaga a écumé les eaux Atlantiques : Irlande, Bretagne, Espagne, Madère, Canaries, Cap Vert, Caraïbes…Il était donc temps de faire une pause pour voir un peu les dessous de coque.
Pour ce faire, nous avons choisi Tyrell Bay, sur l’île de Carriacou, au sud sud des Grenadines. Le jour, au chantier, ponçeuses, meuleuses, chalumeaux et autres sons mécaniques couvrent le reggae de l’équipe qui retape un carriacou sloop. Le soir, ce sont les rythmes des percussions et des steal bands des bars locaux qui nous entourent…Des bateaux atypiques et de grands voyageurs se croisent ici. Et en plus, on y trouve un chocolat exquis.

Bref, nous on aime beaucoup cet endroit.

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Sous le vent de Carriacou
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La mangrove, une épave…et l’île de Petit Saint Vincent en arrière plan…

Kanaga donc se porte bien ! il a bien fallu le chatouiller un peu pour le nettoyage classique visant à déloger la flore et la faune qui ont plaisir à se fixer sous les jupes des bateaux, mais aucune mauvaise surprise. Une semaine plus tard, grâce à beaucoup d’huile de coude, quelques coups de pinceaux, et une chouette solidarité de la part des amis : le voilà paré à reprendre la mer tout beau, tout neuf !

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Tombera, tombera pas…? Aller Kanaga, paré pour une semaine de « nettoyage » !?
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Un des voisins de chantier, les traditionnels carriacou sloop, héritage de construction navale transmis par les écossais fin XIXème

A propos de faune sous-marine qui aime vivre à l’ombre des quilles, dans un peu moins de deux mois nous embarquerons toute l’équipe de tournage du Syndrome du Bernard-l’Hermite. Futur documentaire animalier sur les squatteurs de coques, à carapaces (ou sans) et à écailles. Pour ça, nos cinéastes-plongeurs ont choisi six épaves, dont cinq aux Bahamas et une en République dominicaine, un projet qui, non sans humour, vise à faire découvrir à ceux qui vivent sur les terres émergées la vie foisonnante qui colonise ces vestiges sous-marins…
Il est encore temps de les soutenir :
https://www.kisskissbankbank.com/le-syndrome-du-bernard-l-hermite

Pour ceux et celles qui préfèrent rester en surface, les étudiants de l’école de marine marchande d’Anvers se mobilisent pour mettre en place une flottille de voiliers, dont Kanaga, afin d’aller taquiner les eaux de la mer du Nord en Septembre prochain. Leur idée ? Ils seront demain amenés à commander des cargos dans toutes les mers du monde…mais beaucoup d’entre eux ont rarement eu l’occasion de se confronter concrètement à la mer. Quoi de mieux que des voiliers pour se sentir au plus près des éléments…et commencer l’histoire par le début, à savoir réduire la navigation à ses essentiels ?
Vous pouvez aussi les soutenir sur ce lien :
https://www.leetchi.com/c/antwerp-student-fleet

« – Pff, t’as vu Kanaga ils envoient des liens pour qu’on donne des sous…
– Ouais, crowdfunding par-ci, crowdfunding par -là…pourquoi pas un crowdfunding pour soutenir les crowdfunding !!»

…Ben oui tiens, pourquoi pas ? Quoi de de plus beau qu’une jeunesse qui a de l’énergie, des projets et des idées ? Et puis une contribution peut être tout simplement de transmettre le message…Alors grand merci pour eux !

À suivre…

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Coucher de soleil à White Island…

 

 

Sensations fortes

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Paysage d’aquarelle aux cays qui contraste avec les émotions du jour…

Il est des jours où même une navigation tranquille peut réserver quelques surprises… La scène se passe à Canouan, l’une des Grenadines, un mardi matin…

Depuis le départ de la Martinique, les vents semblaient enfin s’être apaisés, et la descente vers le Sud se faisait, errant d’un mouillage à l’autre sans plus de soucis que la découverte des lieux et la température de l’eau. L’occasion rêvée pour aller mouiller à Baie Mahaut, au Nord de l’île de Canouan. Un mouillage exposé Nord, sauvage, et réputé très beau. Nous sommes arrivés en fin d’après-midi, Kanaga se faufilant dans la passe sans encombres, abrité dans une charmante baie. Nous sommes seuls au mouillage et le site ne failli pas à sa réputation. Nous profitons des lieux, observons le ciel dégagé et étoilé, et nous nous apprêtons à passer une nuit paisible (sauf pour les jeunes parents du bord, mais ça, c’est la routine).

4h30 du matin. Hervé saute dans un short et met sa frontale « Faut qu’on dégage de là, faut qu’on dégage de là ! » « Debout tout le monde, on s’arrache !! ». J’ouvre un oeil, les deux, je sens que le bateau roule légèrement, ni plus, ni moins, je mets la petite dans le porte-bébé et file sur le pont. Ça déferle sur la côte. Mais surtout, ça déferle derrière nous, quelques centaines de mètres plus loin, vers le large. Une houle du Nord-Ouest s’est levée, fait rarissime dans ces contrées. Elle se concentre dans la passe et y forme une belle déferlante. Merde. Nous sommes pris au piège.

Deux solutions s’offrent à nous : rester ici au mouillage, sans savoir comment va évoluer la situation et prendre le risque d’avoir le bateau qui chasse à la côte…ou passer la barre, comme les surfeurs, en serrant les dents car faire un canard avec un voilier de 36 tonnes ça complique la donne…

Nous prenons la deuxième option. Les équipiers suivent les consignes, tout le monde reste très calme. Il fait nuit et à part le bruit des vagues qui déferlent à quelques centaines de mètres, il est difficile de s’imaginer que nous sommes dans une situation périlleuse. L’un remonte la pioche, l’autre est à la barre, un troisième surveille le sondeur et le GPS. Il s’agit de passer la (grosse) vague sans se poser sur les récifs qui encadrent la passe…Le reste de l’équipe est dans le cockpit ou dans sa bannette. On avance vers l’obstacle, le bateau tangue doucement, puis le son de la déferlante s’approche. Pour ma part je suis près de la descente veillant sur le sondeur, ma fille et…ma mère (ben oui tant qu’à faire ce genre d’évènement autant les vivre en famille…). On y est, attention, il va falloir faire un beau canard…Hervé est à la barre.
Nous passons à travers un premier rouleau, puis un second beaucoup plus violent. Le bateau se cabre franchement pour retomber de tout son poids, l’étrave sous l’eau. En moins de 3 secondes la capote est arrachée par la puissance de l’eau et nous bien sonnés. Ma fille n’a rien, ma mère non plus. Mon père (en famille je vous dit…) s’en tirera avec une belle blessure sur l’index, mais rien de grave. Tous les autres équipiers n’ont rien, si ce n’est pour l’un d’eux la vision quelque peu impressionnante de la vague qui casse sur le bateau. J’ai le coeur qui bat à 200 à l’heure, grosse frayeur. La mer a rappelé sa toute-puissance…

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Sans bôme ni capote, Kanaga a des airs de bateau de naufragés…

Taïna me regarde avec un grand sourire. Le canard est réussi, mais sincèrement, c’est plus simple en surf ! La mer, à part cette douce houle du Nord est de nouveau tranquille…peut-être même quelque peu ironique ? Nous nous dirigeons vers les Cays, le soleil se lève dévoilant un tableau particulièrement calme. Le ciel est gris, les couleurs pastels. Une aquarelle. Quel contraste. Nous mouillons dans le lagon, sans bôme (cf post précédent…), sans capote. Kanaga a des airs de bateau de naufragés.

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Séchage entre deux ondées…
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Certains bouquins n’ont pas été épargnés

Mais! On ne va quand même pas faire tout un plat pour une (grosse) vague ! A peine arrivés aux Cays, tout le monde s’y met. La mer s’étant invitée à bord, des bouquins sèchent dans le carré, le pont est jonché de fringues, draps, coussins trempés…La machine à coudre est sortie, en deux temps trois mouvements, la capote recousue, sa structure re-assemblée et son embase fixée de nouveau sur le roof.

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Mais ni une, ni deux, on répare la capote

Autour d’un café revigorant, chacun raconte comment il ou elle a vécu l’épisode…on en rit…mais en catimini nous demanderons tous au capt’ain si l’abri où nous sommes là, pour la nuit il est bien sûr sûr quelque soit la houle….et nous irons vérifier plutôt deux fois qu’une que l’ancre soit bien crochée au fond !

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Un bon abri, et un plongeon dans le lagon pour se remettre !

 

Enfin bon, heureusement rien de mieux pour se remettre qu’une bonne session d’apnée. Il pleut  -ce qui n’aide pas les livres à sécher, mais permet de profiter du spectacle de la pluie qui crépite sur la surface. Ah, c’que c’est beau ces poissons multicolores, les tortues, les pastenagues, le diodon, et…un requin. Ok, un nourrice inoffensif, mais vu du masque, certes grossissant, un requin reste toujours plus impressionnant que sur la photo des guides d’identification…Les palmes me guident comme par magie vers le chemin du retour…ça ira pour les émotions de la journée, je vais aller lire une BD dans le carré moi !!!

A suivre,