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La vie intérieure de Kanaga

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La table à carte…et la pendule de marine

Lorsque l’on rencontre un bateau c’est avant tout l’extérieur qui nous tape dans l’oeil (aïe !). Ce qu’il dégage, quel en est le type ou quels sont les plans pour les plus connaisseurs, s’il nous paraît prêt pour de grands voyages, ou au contraire fait pour de petits sauts de puce, d’une crique à l’autre.

Mais, ce premier regard ne saurait être complet sans s’attarder à l’intérieur…Il y a tout d’abord les sons. Pour la suite je vous demanderai de fermer les yeux – sans oublier de demander à votre voisin(e) de lire le texte, sinon, ça risque d’être compliqué.

L’ambiance d’un bateau à l’autre est très variable. Chaque canot semble doté de sa propre voix. Ces premiers jours de navigation à bord de Kanaga nous permettent de l’écouter. Il y a d’abord le craquement des planchers, car il est tout de bois à l’intérieur. Le tictac mécanique de la pendule, comme dans les vieilles maisons de campagne, la drisse qui joue discrètement avec le mât. La pompe qui permet de maintenir l’eau sous pression qui grogne de temps en temps. Le vent au loin. Il y a aussi tous les sons subaquatiques : la coque en composite leur permet de la traverser clairement et ils emplissent agréablement l’espace de vie, peu à peu, sans que l’on s’en rende compte. L’eau qui glisse le long de Kanaga pendant la navigation, l’hélice d’un bateau voisin qui appareille ou le propulseur d’étrave de celui qui tente un accostage… ou encore quelques organismes marin non-silencieux. Toutes ces ambiances sonores deviennent peu à peu familières, et la moindre fausse note sera reconnue par ceux qui vivent à bord en permanence. Tels des musiciens qui connaissent leur partition par coeur.

Vous pouvez rouvrir les yeux -et donc laisser votre voisin(e) peinard. La beauté intérieure c’est bien beau, mais bon je vous devine exigeant(e). A bord de Kanaga, l’habile constructeur a choisi l’acajou pour donner une ambiance chaleureuse, à la mode de la marine à l’ancienne. Nous, on trouve que c’est plutôt réussi…on vous laisse le découvrir par vous même à travers ces quelques clichés !

Si vous voulez vous imprégner plus longtemps de cette ambiance…il nous reste de la place pour naviguer en Irlande. Appareillage prévu dans 15 jours depuis l’Aber Wrach’ !

En attendant nous continuons à faire connaissance au coeur des îles anglo-normandes !

A suivre…

New Look !

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Kanaga, paré à appareiller…

Après une semaine de karsher, meulage, ponçage, peinture, une bonne centaine d’aller-retour sur l’échelle qui menait au pont, et beaucoup d’huile de coude, la coque a été mise à nue…et Kanaga a eu droit à un relooking en bonne et due forme!

En clin d’oeil à la tradition, nous avons choisi de lui donner les couleurs d’origine des canots de sauvetages Colin Archer : blanc avec son nom en noir à l’avant, et une croix rouge cerclée de bleu. Enfin, ici la croix a été détournée en un Kanaga rouge, il fallait bien lui donner une petite touche personnelle !

La Normandie nous a réservé son plus bel accueil puisqu’en ces contrées réputées humides, nous avons eu grand beau temps durant toute la durée des travaux. Reste quelques détails sur la « to do list » et les essais en mer en début de semaine prochaine !

…Kanaga est prêt à appareiller !

Merci à Willy, Mymy, et l’équipe du Syndrome du Bernard l’ermite pour leur contribution aux photos…et à la rénovation de la coquille. En attendant voici quelques images, de cette semaine sur les chapeaux de roues…!

 

Un bateau dans le ciel…

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Le vol du Kanaga

Car oui les bateaux qui vont sur l’eau ont des ailes, c’est désormais une certitude. Ceci étant, avant de se prendre pour Icare, Kanaga a eu droit à un véritable parcours initiatique le long des côtes normandes…

Au départ, il était prévu qu’il prenne son envol à Honfleur pour nous montrer ses dessous (oui, parfaitement, ses dessous). Mais un problème technique sur l’élévateur nous a mené à Deauville.

Le lundi, c’était férié, pas d’envol,

Le mardi, il y avait un vent à décorner les vaches normandes…donc pas d’envol,

Le mercredi des travaux dans le bassin à flot ont contraint l’équipe du port à baisser le niveau d’eau de 40 cm…Kanaga, avec ses 2,4m de tirant d’eau ne pouvait plus se présenter devant l’élévateur (et oui, sans cette machine, pas d’ailes), donc, pas d’envol.
Le jeudi, le niveau de l’eau était rétabli, mais une fois présenté sous l’élévateur…les mâts étaient trop éloignés l’un de l’autre et l’élévateur a trouvé Kanaga trop gros à son goût ! C’est limite vexant….Bref, vous l’aurez compris…pas d’envol.

Le vendredi, il fallait trouver une solution et sortir Kanaga de ces lieux. Casino et voitures de sport font tourner l’étrave, même aux meilleurs d’entre-nous. Il serait dommage de se faire plumer au moment où l’on se sent pousser des ailes…

Nous avons donc étudié toutes les possibilités de décollage sur la côte normande…pour jeter notre dévolu sur Cherbourg où il y a un élévateur de 300 tonnes qui lui aime les gros bateaux.

Ni une ni deux, nous avons fait route vers ce bout du monde. Une lune rousse et énorme se lève alors que nous passons le raz de Barfleur. Un clin d’oeil pour les Intechmériens à hauteur de Tourlaville…

Arrivés au port de Chantereyne, nous attendons sagement, entre Napoléon et le sous-marin le Redoutable -même pô peur. Jusqu’à ce matin où nous nous sommes rendus au pied de la machine géante. Kanaga s’est positionné en son centre, le machiniste avec son joystick a placé avec beaucoup d’application les sangles de part et d’autre du canot. Il n’a plus eu qu’à s’envoler !

Centimètre par centimètre Kanaga a été levé, sorti de l’eau : pour la première fois nous l’avons vu en entier. Impressionnant !

Hou là là…

Le verdict tombe, l’élévateur faisant aussi pèse-bateau : Kanaga pèse 35 tonnes ! Sa quille longue est peu à peu dévoilée et il a certes, plus un air de cachalot que d’oiseau avec sa bedaine. Mr Joystick est toujours aux commandes et il conduit Kanaga tranquillement et sûrement jusqu’aux bers : ces pattes d’acier vont lui permettre de garder l’équilibre le temps du carénage.

Karsher, ponçage, peinturlure et nom à apposer sur la coque…C’est parti pour une petite semaine de boulot.

La naissance d’un film…

Pendant ce temps, deux drôles de zigues ont suivi Kanaga avec des caméras, trépieds et tout un attirail de reporters. Ces deux là sont plongeurs et documentaristes animaliers. Ils projettent de venir naviguer à bord de Kanaga pendant deux ou trois mois avec d’autres acolytes pour filmer des bêtes à écailles et des mammifères marins. Non, pas ceux qui vivent à bord, mais plutôt ceux qui vivent sous l’eau et qui passent leur temps à voir les dessous de Kanaga (ah les veinards…!)

En attendant, Kanaga est un bateau dans le ciel, et son équipage est paré à décrocher la lune !

A suivre…