Parés au confinement !
Journal de bord
Et oui, même aux Marquises, rappelons-le îles les plus éloignées de tous continents, le confinement est de mise… Comme quoi l’isolement géographique aujourd’hui est très relatif. Kanaga a donc débarqué tous ses équipiers, comme le préconise les mesures du gouvernent polynésien, et s’est paré.
La Polynésie est pour l’instant très loin de la situation européenne, mais l’expérience des uns servant les autres, ils mettent tout en oeuvre pour éviter la contagion. Une dizaine de cas à Papeete aujourd’hui, et personne aux Marquises. Si l’arrivée des lycéens internes rapatriés de Tahiti apporte quelques craintes, ils ont des consignes qui semblent assez claires et précises : quarantaine et confinement maximum dans leurs familles.
Restent ces marginaux farfelus qui vivent sur leurs voiliers. Qu’en faire ?
Les plaisanciers de l’ARC (rallye nautique qui arrivait des Galapagos) devraient être renvoyés chez eux dans des avions et leurs 40 bateaux cantonnés à Papeete.
Aux Marquises et aux Tuamotus, certaines îles interdisent l’accès aux voiliers. Il faut dire qu’hormis à Nuku Hiva et Hiva Oa, les infrastructures médicales marquisiennes sont très limitées, et ici mieux vaut largement prévenir que guérir !
La moindre des choses pour nous, voyageurs, est de respecter les consignes et de ne leur faire courir aucun risque.
Kanaga est donc sur l’île de Nuku Hiva. Une soixantaine de bateaux sont dans la baie de Taiohae.
En voilier, nous sommes privilégiés, car rodés à l’exercice. Un confinement finalement nécessite la même organisation que pour une grande traversée océanique : stock de mangeaille, d’eau potable, de BD, de livres et de leurres de pêche. Ensuite, il faut choisir une baie abritée et suffisamment isolée et y établir « le campement ». L’avantage par rapport à une traversée c’est que ni la houle, ni le vent, ni le mal de mer ne perturberont l’équipage.
La seule limite de l’exercice est la culture des légumes : dans notre jardin, il y n’y a que le phytoplancton qui pousse ! Mais dans les vallées d’ici, même désertes, les arbres croulent sous les fruits…
Et puis toute cette ambiance Barjavelesque donne à penser. Vous l’aviez déjà compris, les échanges avec les équipiers à bord du Kanaga sont souvent l’occasion de grands débats et questionnements – nous n’avons pas la prétention d’apporter des réponses mais peut être un petit espace de temps… de pause.
Voilà des semaines que nous évoluons dans une Nature éblouissante. Les voies cyberiennes racontent que les poissons reviennent dans la lagune de Venise, que dans certaines villes les Chinois sont de nouveau couronnés d’ un ciel bleu…
Alors, on se met à espérer, face à ces murs végétaux qui nous entourent, à ces mantas qui viennent nous rendre visite, ces oiseaux qui chassent et ces biquettes qui inlassablement varappent sur des cailloux vertigineux…
On se met à espérer que quelle que soit la durée de cette traversée, qui a embarqué la planète entière à bord d’un rafiot que l’on tente d’apprivoiser – sans minimiser la violence de ses tempêtes, l’importance de la casse, la peur de ses équipiers ou l’imprévisibilité de sa météo –
On se met à espérer qu’au moins elle permette à tous de naviguer vers des horizons où les poissons, qu’ils soient de Venise ou des Marquises, nageront plus paisiblement.
Une grande traversée, ça peut aussi être l’occasion d’essayer autre chose, non ?
À suivre…
8 Comments
Merci Laetitia pour ton joli article et ses belles photos.
Je ne suis plus certaine que l’éloignement rapproche, comme le souhaite Barbé.Cette aventure
embarque effectivement la planète entière, et la solidarité et la bienveillance deviennent enfin primordiales. Le printemps silencieux surprend la nature qui s’épanouit. Espérons que certains changements dureront,
prenez soin de vous, entre cuisine, jeux, et confinement familial.
Amitiés,
Anne
Bonjour,
Je suis terrienne à Nuku Hiva J’ai des fruits d’arbre à pain dans mon jardin . En voulez vous?
Grosse pensée pour vous dans cette tourmente mondiale… du haut de notre moulin-tour, on ne voit toujours rien venir… que le ciel qui bleuoit et le soleil qui rougeoit !
Des gros bisous à Taïna de la part des asticots Anouk et Paco
FLAP
un temps a faire des chiapatis ça, j’te l dit..!!!
enjoy your confiserie!
plein des bisous sans miasmes a vous trois…
bonne papaye…oui, oui, avé la foufourche..!
mes hommages, en direct de la capitale de la poule a facettes
Bonjour à tous et une fois de plus un gd merci pour vos chroniques maritimes poétiques et même avec une once de confinement ! La lecture et les débats sociétaux … en espérant un changement de paradigme prochain… reste malgré tout une belle activité .
Prenez soin de vous et encore merci pour ces lettres d’ailleurs
Christian
Oh! Merci Laetitia de nous permettre d’embarquer quelques intants à bord de Kanaga.
En attendant, en esperant, vous rejoindre bientôt, en vrai !
Tous les confinements, où qu’ils soient peuvent etre pénibles, mais ils permettent aussi de se retrouver avec soi-même, avec ses proches.
Paradoxalement l’eloignement rapproche !
Sûr qu’il y aura un après-coronavirus, et nous avons quelques semaines pour se remettre en cause, pour reflechir, pour l’imaginer!
Une amicale pensee pour l’équipage qui a du débarquer, ça a du être un déchirement.
Nous on est dans les starting-blocs, attendant le feu vert des autorités.
Les photos sont sublimes, hâte de voir ça et de refaire le monde ensemble.
Bises à tous les trois.
Henri
Rattrapé par le délire d’une société sans valeurs a part le dollars au bout du monde un cadre paradisiaque…..le capitaine doit se rogner les ongles ….si il en reste……mort de rires.
Au moins vous travaillez le bronzing
Gros bisous
Oliv
Attention à vous tous et ……aux Marquisiens …..ce virus est très imprévisible !
Prenez soin de vous