Partition Cap-Verdienne

Journal de bord
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Au mouillage au Cap Vert


Pour venir au Cap Vert, prendre la bonne gamme de vents depuis les Canaries et viser le Sud-Ouest. Il a fallu 5 jours à Kanaga et son équipage pour atteindre Sal, l’île la plus à l’Est de l’archipel. Voilà une semaine que le voilier est là. L’équipage prend la mesure.

En mer, nos musiciennes adoptent le rythme des marins, pendant que ceux-là sont à l’écoute de grand’ voile, mais aussi du saxophone ou de l’accordéon. On retiendra un soir particulièrement émouvant dans le carré, à 300 milles de toutes terres, où les premières mettent en musique les paroles de chants traditionnels entonnées par les seconds…Plus tard, c’est la tête encore remplie de ces airs joyeux que la petite équipe se dirige vers l’étrave du Kanaga attirée par un tout autre spectacle : après la musique, c’est la danse du plancton qui met nos sens en émoi…Un feu de lumières fluorescentes inonde la coque. On est au large, dans ce moment suspendu entre deux terres, deux pays, deux mondes. On prend la mesure.

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La Palmeira, déserte aux heures chaudes

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Parce qu’effectivement, arrivés à Sal, nous avons le sentiment d’être déjà loin de l’Europe. L’atmosphère du port de Palmeira où les cargos, les voiliers et les lanchas des pêcheurs sont côte à côte est étrange. En guise de percussions : le son des cargos déchargeant les containers raisonne dans le mouillage abrité. Plus loin, une fois à terre ce sont les bribes de conversations cap-verdienne du marché aux poissons qui nous parviennent : on ne comprend pas ce qu’ils disent mais c’est animé ! Puis c’est aussi le silence dans les rues quasi désertes aux heures chaudes. L’île est aride et quelques pas dans les alentours inscrivent ces souvenirs dans un paysage quasi lunaire, lequel sera juste troublé par le passage d’une horde de quad. Ambiance Mad Max. A la terrasse d’un bistro local, on retrouve une vieille connaissance « La dernière fois que vous êtes passés, en 2012 ou 2014, je ne sais plus, on avait parlé des images de Shakleton… ». Les conversations reprennent là où elles s’étaient arrêtées il y a quelques années.

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Des faux airs de Mad Max

Les jours passent. On prend la mesure. Chacun s’imprègne de cet ailleurs. Puis nous reprenons les vents, comme un refrain qu’on aime fredonner pour nous diriger vers l’île de Sao Nicolau. Sa silhouette se dessine dans le soleil couchant. Les étoiles et le plancton nous accompagnent de nouveau. Cette nuit sans lune complique un peu la tâche : difficile de repérer le mouillage et le trait de côte. D’autant que lorsque nous faisons le point, la carte indique que Kanaga navigue…à terre !
Il nous faut donc ouvrir les yeux et…les oreilles : « Ca déferle ici, là j’aperçois une lumière, là une masse sombre…heu…bon…heu mouille! ». Certains se lèveront plusieurs fois dans la nuit « au cas où… ».

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Preguiça, petit village de Sao Nicolau
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Débarquement…

Au petit matin nous découvrons un village sur un promontoire, des bâtiments en ruine jouxtent des maisons et concessions colorées. Apparemment rare sont les étrangers à s’aventurer ici. Les regards se tournent vers nous à chaque pas. Ici on nous aide à débarquer, là on nous observe intrigué, arborant un sourire, depuis une fenêtre, assis sur une marche ou depuis l’angle d’une ruelle. D’autres viennent nous adresser la parole, c’est frustrant de ne pouvoir communiquer plus facilement avec les habitants. Leurs yeux sont parfois bleus ou verts sur une peau noire, magnétiques, comme cette île escarpée au reflets moirés. Nous faisons une escapade au centre de l’île où nous croisons plein de vies, assistant même aux jeux inter-écoles des villages environnants. Les rues sont colorées, le mercado central animé et on se sent vite bien dans cette bourgade. La plus jeune d’entre nous, du haut de ses 9 mois a un succès fou. Ses babillages semblent être une musique reconnue de tous, elle aussi. Nous revenons vers le mouillage où nous attend Kanaga. Des pêcheurs-plongeurs y débarquent des bassines entières remplies de concombres de mer qu’ils revendront en grande partie aux consommateurs chinois.

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Sao Nicolau

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Une seule musique reste en tête en remontant dans l’annexe : « Petit pays, je t’aime beaucoup… ». L’ombre de la grande Césaria plane quand on circule en ces lieux.
Prochaine étape : Sao Vicente, la rumeur dit que pour les musiciens, c’est à Mindelo que ça se passe, capitale culturelle du Cap Vert. On prend la mesure.

A suivre…

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De la musique et des femmes…
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  • On entend le vent, les notes et les chants;on devine la joie sur les visages et on y est !!! Et en plus le tout enrichi de belles photos . Alors tout simplement merci .

  • La rédaction de l’éditorial, nous transporte bien dans une vision acoustique , aquatique et touristique…..bref et beau voyage pour nous qui sommes à terre.
    bises à l’équipage

  • Belles photos et texte plein de la joie de la découverte.
    Bises à Céline et Marion, et aussi au reste de l’équipage, tiens ! surtout au bébé 🙂
    Marie-Françoise

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