Retrouvailles à Moorea

Journal de bord
Kanaga, à Moorea, à l’abri dans la sublime baie d’Opunohu

Et oui, cela arrive parfois, nous osons laisser Kanaga seul, à l’autre bout de la planète car nous devons vaquer à quelques occupations plus terrestres ou encore plus iodées, selon les protagonistes… Bref, les 2/3 de l’équipage sont de retour, à Moorea, et Kanaga se fait cajoler et bichonner en attendant de reprendre la mer.

Bon évidemment, c’est avec une petite appréhension que j’attendais de retrouver notre viking préféré malgré les attentions des voisins qui étaient rassurantes. Kanaga n’a pas fugué, s’est très bien comporté, si ce n’est qu’en bon vieux loup de mer il n’est s’est ni rasé, ni même douché pendant deux mois (quelle horreur!!). Donc, on a pris soin de lui, lui expliquant que quand on vit en communauté, il faut se tenir à minima.

Retrouvailles…

Nous sommes donc retombés bras dans la coque (ou coque dans les bras), et avons repris le cours de nos aventures communes. Parmi elles je me dois de conter deux anecdotes qui concernent un membre éminent de la famille, venu découvrir la Polynésie et se rappeler toute la joie de la vie sobre et naturelle inhérente au voilier : les pleins d’eau douce, la promiscuité, la découverte de la faune sauvage locale, et la magie des imprévus.

Attention, balistes de garde !

Il semble que certains êtres soient dotés du mana de l’aventure. Parmi celles-ci notons que notre éminent équipier a dès sa première baignade dans le lagon (eau à 28°C, eau turquoisissime) eu son lot de sensations fortes. En ce moment les journalistes locaux font couler un peu d’encre sur la présence de requins tigres dans la baie voisine de Paopao… on a beau savoir qu’on ne risque rien (tant que vous ne lui donnez pas du thon en boîte comme des croquettes à un chat), ils finissent par nous faire douter. Pourtant, rien, je dis bien, rien n’a été signalé au sujet des terribles, féroces et voraces balistes Picasso (12cm en écailles). Les femelles de ces poissons magnifiquement peint (d’où leur nom), gardent leur ponte comme personne. Si vous avez l’arrogance de traîner vos palmes au-dessus, elles se jettent sur vous (Baliste contre Goliath), vous foncent dans le masque et vous mordent. Oui vous mordent. Alors les dents de la mer, ce n’est pas forcément celles que l’on croit, faudra le dire à Steven. Notre éminent passager en a fait les frais. Précisons qu’il doit avoir quelque chose contre les tableaux de Picasso car en plusieurs années et des centaines de sessions de snorkelling avec ces mères balistes, je n’ai personnellement subit aucun dommage corporel…

..je n’allais quand même pas vous mettre des photos de nuit ! Notez que vu les fonds, sondeur, cartes et surtout lumière du jour restent des alliés précieux !

Quelques jours plus tard, alors que le vent et la pluie venaient de nous tremper, rincer de la tête au pied – l’avantage c’est qu’on se baigne sans risque de morsures ai-je dit à l’éminence qui commençait à bougonner -, nous rentrions à bord après une petite découverte de l’île, heureux à l’idée de s’étendre tranquilles peinards dans nos bannettes.
Là alors que Morphée vous tend ses bras, des cris surgissent au milieu de la nuit noire. « A l’aide, on est en détresse!!! »… heu… je rêve ? Ah non. Bon, je me lève… Nouvel appel… Je ne vois rien et m’attends à voir une annexe… « Mettez vos lumières! » Ah, non c’est un voilier… qui dérape au milieu des voiliers du mouillage tentant visiblement de faire un strike… Panique à bord du-dit canot… « Respirez, reprenez-vous, dégagez de la zone et mouiller toute votre chaîne à 150 m sur votre route… ». Visiblement, ça marche.
« Vous avez combien au sondeur ? » « Ah… vous n’avez pas de sondeur ? Ça, entre nous, c’est osé! ».
Ah non, 150m on a dit, pas 30m…
Bon une heure et demi de veille plus tard, le même re-dérape mais fort de son expérience va jeter son ancre loin là bas…et elle tient. On peut se recoucher…
Le lendemain, son éminence me précise qu’elle a eu quelques sueurs froides et a assez peu dormi… il est vrai que quant on est habitué à vivre dans une maison, il est rare que celle des voisins vous fonce droit dessus au milieu de la nuit noire… Un détail.

Mais oui papa, c’est tranquille la vie en voilier, je t’assure. Aller, t’inquiète, ça c’était au mouillage, un bateau c’est fait pour naviguer ! Dès le retour d’Hervé – qui termine un convoyage – on va partir en mer, direction les Tuamotu !

Heu, dites, vous croyez que je lui raconte qu’avant on appelait les Tuamotu « l’archipel perfide » ou « l’archipel dangereux » ?


A suivre…!

De l’art et des Z’artistes : images… et sons !

Journal de bord

Kanaga et son équipage s’octroient une petite pause jusque début décembre. L’occasion de vous rappeler qu’à bord nous naviguons avec des équipiers de tous âges, tous univers et tous genres, et qu’il n’est pas rare que l’émulation de groupe donne la part belle à l’esprit créatif des uns et des autres.

Un petite moussaillonne est arrivée à bord avec son appareil photo et semblait très intéressée par le sujet. Alors, je ne sais plus le ou laquelle d’entre nous a suggéré : ok, défi photo, on se donne des thèmes et on présente deux photos chacun. Un jury sans pitié a été désigné, et les photographes ont pris leur mission très à coeur.
C’était aux Tuamotu, à Fakarava. Voici quelques clichés choisis qui ont résulté de ce défi, juste pour le plaisir des yeux !

Thème : CONTRASTES

Thème : DOUDOUX

Thème : EAU

Thème : PORTRAITS

Thème : VENT

Thème : OMBRE & LUMIERE

 

Voilà pour ce qui est de l’image, bravo aux photographes !

Et puis il y a celles et ceux qui embarquent avec leur baluchon, et leurs (bonnes) idées…

Chuuuut… Chloé est à bord, en pleine interview !

C’est le cas de Chloé. Chloé est une passionnée de podcasts. Elle en a toujours d’excellents à vous conseiller. Et non seulement, elle en écoute, mais surtout elle en crée, et des très sympas. Elle se promène régulièrement avec son enregistreur, posé ici et là, interview, s’intéresse, et parfois même demande à ceux qui l’entourent de prêter leurs voix pour jouer des personnages.
Ceci signifie qu’en amont, elle a une idée de ce qu’elle veut raconter, car bien entendu, il s’agit de filtrer au départ pour faciliter le montage. Ben oui, parce qu’en plus après, il faut ré-écouter tous les rushs, trier, agencer, rajouter des musiques, régler le son pour que l’on ne passe pas de 3 à 4000 décibels. Le tout juste pour notre confort d’écoute et pour partager moments de voyages, rencontres, coups de coeur. Bref, chapeau…. et merci beaucoup pour ce partage !

À écouter et diffuser sans modération !

Je vous conseille donc les épisodes de : Always Lost in the Sea – Les Pieds dans l’eau

https://anchor.fm/chlo-chanliaud/episodes/S2-E6-Sous-les-cocotiers-des-atolls-e17f40g

Dans le dernier il est entre autre question de la vie à bord d’un bateau que l’on aime bien… (au fait, la manif a porté ses fruits!!)

Et puis elle pense aussi aux petits mousses avec les Histoires du soir (les grands peuvent écouter aussi, c’est super) : https://open.spotify.com/show/2XBP6SL62Y1rudyLbR5RjG

C’est aussi tous ces beaux moments la vie à bord de Kanaga !

À suivre…

Des atolls (plats…) aux îles hautes !

Journal de bord
Pendant que sa famille fait le coprah (coco séchée), ce petit gamin s’exerce à pêcher…

Souvenez-vous, lors du dernier post de Kanaga, il était question que son équipage vaillant, heureux et motivé descende aux Australes à la rencontre des baleines à bosses… mais comme souvent en mer, il faut parfois s’adapter et… changer de cap !

Et oui, et oui, encore un requin, mais quand on aime, on ne compte pas !

Après une dernière semaine à Fakarava, le temps de profiter encore un peu de ses fonds incroyables, nous avons guetté comme prévu la fenêtre météo idéale afin de nous diriger vers le Sud, dans l’archipel des Australes. Mais de fenêtre clémente, nous n’en eûmes point… Une dépression en plein sur la route s’est installée, et l’idée de la taquiner de trop près ne nous a guère enchanté. Même pour des baleines.

C’est néanmoins vaillants, heureux et motivés que nous avons choisi de suivre les vents. Le Maramu (Sud-Est local) nous a donc porté vers l’Ouest… Lorsque nous avons franchi la passe Nord de Faka, deux baleines nous ont fait un signe de caudale, un bon présage ?

Nous avons alors entrepris de remonter un chapelet d’atolls. Prenez une carte :

Un vrai cliché !!
  • Toau, le temps de se mettre à l’abri d’un front qui nous a permis de refaire le plein d’eau douce… (aux Tuamotu, l’eau douce manque et les pluies sont bienvenues !)… et de pêcher un magnifique thon, fort apprécié par l’ensemble de l’équipage !
  • Apataki, le temps de récupérer le mouillage égaré l’an passé. Nous avons donc chargé masques, bouteilles et palmes dans notre fidèle prame pour nous rendre sur zone, et aller à la pêche à l’ancre. Mais sans mauvais jeu de mot, nous avons séché… disons que le ressac était tel que nous risquions de perdre l’annexe et son contenu cette fois-ci… bref, nous avons définitivement accepter l’idée de perdre l’ancre (et non de la jeter, un peu de sérieux !)

 

Poissons locaux (pour le gris et rouge, il n’apparaît pas dans le guide…)
  • Rangiroa, le temps de faire de magnifiques snorkelling, et de siroter un jus frais face à l’une des plus belles terrasses de Polynésie, avec la vue sur les dauphins de la passe de Tiputa qui s’adonnent à leurs acrobaties quotidiennes dans le mascaret.

 

Le tombant de Makatea
Immersion dans le grand bleu…
Certains ne manquent pas d’air… regardez-moi ce remora !!
  • Après Rangiroa, vient l’île merveilleuse et mystérieuse de Makatea… Comme à chacun de nos passages auprès de cet atoll soulevé, le temps semble s’arrêter…
    Pour cause de confinement, le débarquement y est en ce moment interdit… Ceci étant, le mouillage y est lui aussi extra-ordinaire. Le coffre sur lequel s’amarre Kanaga est au-dessus d’un tombant qui invite à plonger vers le bleu sans fin. Sur les flancs de l’île des coraux superbes, et leurs acolytes à écailles, nombreux et diversifiés… Alors que nous étions plongés dans « la bible » qui nous permet d’identifier chaque poisson local, l’une de nous ameute tout l’équipage.
    Bébé baleineau joue au hochet…

    Et juste un aperçu du dos de la maman, c’est que dès fois il est difficile de conjuguer émotion forte et prise de vue !

    On les aperçoit là, à une bonne centaine de mètre. Deux souffles ! Ni une, ni deux, nous mettons les kayaks à l’eau. On s’approche, doucement, sans bruit. Un jeune baleineau s’adonne à un exercice de percussion avec sa caudale. Le bébé est imposant… et très potelé. On s’approche, notre souffle à nous, nous le retenons. Le « petit » nage, à quelques mètres. Il est assez tard, et son dos est baigné par la lumière caractéristique de la fin de journée… Puis d’un coup, alors qu’il est parallèle à nous, une masse énorme, fend les flots à ses côtés.
    … Nous venons de faire connaissance avec la maman. Ils sondent et nous laissent à nos émotions.
    Nous les reverrons les jours suivants, d’un peu plus loin…

Il est l’heure pour Kanaga de quitter les Tuamotu, nous faisons route vers Moorea. La nuit, les constellations qui nous sont désormais familières nous servent de repères : la couronne australe, le sagittaire, le scorpion… et même la baleine, sur notre bâbord…décidément… Un spectacle dont on ne se lasse pas…

Une des montagnes qui veille sur la baie d’Opunohu… de nombreuses légendes circulent ici…

Au petit matin, Moorea se dessine, après des mois durant lesquels les cimes ne dépassaient pas les 3 m d’altitude – hormis Makatea – nous sommes éblouis par les reliefs de la belle. La baie d’Opunohu nous enveloppe de son charme. Un bel endroit pour s’accorder une pause technique, en attendant de concocter la suite du programme pour Kanaga !

A suivre !